Logiciel gratuit ou logiciel libre ?
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Freeware vs OpenSource
Autrement dit quelle est la différence entre logiciel libre et son homologue juste gratuit, pourquoi choisir l’un plutôt que l’autre.
La gratuité
Il ne faut pas confondre la cause et la conséquence, le fait qu’un logiciel soit gratuit n’en fait pas un logiciel libre.
Les raisons de sa gratuité peuvent être très différentes :
- il peut être libre,
- en cours de développement,
- l’envie d’une personne ou d’une équipe de le mettre à disposition gratuitement temporairement ou définitivement.
Dans les 2 derniers cas, le logiciel devient généralement payant lorsqu’il est fonctionnel, les tests et la mise au point ont été faits à moindre frais.
C’est quoi l’opensource ?
Un logiciel est libre si et seulement si sa licence garantit les quatre libertés fondamentales :
- la liberté d’utiliser le logiciel
- la liberté de copier le logiciel
- la liberté d’étudier le logiciel
- la liberté de modifier le logiciel et de redistribuer les versions modifiées
Pour information, la licence des logiciels propriétaires [1] ne permet généralement que la première de ces libertés et interdit explicitement les 3 autres.
Pour donnez les 3 autre libertés les développeurs du logiciel doivent fournir les fichiers sources du programme.
Si l’on compare avec un plat gastronomique la source c’est la recette de cuisine et l’on peut dire d’un plat qu’il est libre si le cuisinier nous donne la recette lorsqu’il nous porte le plat au restaurant.
On peut aisément comprendre les points suivants :
- il ne peut le faire que si la façon dont il l’a apprise ou élaborée le lui permet (il pourrait l’avoir apprise dans le cadre d’une formation lui interdisant de divulguer ces secrets professionnels)
- vous allez pouvoir la refaire ’gratuitement’ chez vous, pour autant le restaurateur n’est pas obligé de vous faire cadeau de votre plat au restaurant (bon nombre de logiciels libres sont gratuit),
- en contre-partie de la gratuité de la recette le restaurateur peut vous demander de vous engager à fournir de la même manière toute amélioration (recette dérivée) que vous pourrez lui apporter (c’est le cas de bon nombre de logiciels libres)
Quels modes de développement ?
Les logiciels propriétaires sont développés suivant des logiques d’entreprises et les décisions sont prises par la direction et les actionnaires suivant une logique commerciale. Cette logique prévaut pour le développement du logiciel, de ces améliorations et des mises à jour de sécurité.
D’un autre coté, rien n’interdit à une entreprise de vouloir développer un logiciel libre avec cette logique mais rien que par la fourniture des sources il ne tarderait pas à émerger un projet divergeant si elle refusait de prendre en compte les attentes de la communauté des utilisateurs et des développeurs [2].
Si un utilisateur nécessite une modification, il doit faire appel au réseau de l’éditeur qui détient les informations nécessaires, et même s’il voulait la développer sous forme de ’plugin’ il devrait obtenir un kit de développement de la part de l’éditeur.
Généralement, les logiciels libres sont développés au sein d’une communauté de développeurs et d’utilisateurs au niveau mondial. La priorité de développement des nouvelles fonctionnalités et la résolution des dysfonctionnements sont généralement définis suivant un système de vote des personnes de la communauté, mais cela n’empêche pas un utilisateur (souvent une entreprise ou une administration) de développer ou faire développer une fonctionnalité qui lui fait défaut et qui n’est pas jugée prioritaire par les autres utilisateurs.
De la même manière les chefs de projets locaux (branche française par exemple) et le comité exécutif sont élus par la communauté. Hormis certaines structures du secteur coopératif, quelles entreprises fonctionnent sur ce mode démocratique ?
Quels modes de financement ?
Les éditeurs de logiciels propriétaires sont sur une logique de financement traditionnel et peuvent même reccourir à l’emprunt, aux investisseurs... autant de choses qui influent sur le mode et le lieu de développement...
La priorité de correction des dysfonctionnements des trous de sécurité sont liés à une logique commerciale qui intègre aussi la présence des éditeurs d’anti-virus
Comme le retour sur investissement se fait en fonction du nombre d’utilisateurs, cela nécessite la mise en place formats de fichiers rendant les utilisateurs captifs (pour les versions futures) et de verrous pour en interdire la copie [3].
Plus généralement financés par une fondation qui accepte les dons, les logiciels libres peuvent aussi avoir de gros contributeurs [4], les fonctionnalités sont développées après avoir été financées et ne nécessitent pas de bridage particulier.
La sécurité
On parle souvent d’anti-virus de parefeu..., de tous ces dispositifs techniques censés protéger notre machine (ordinateur, tablette, smartphone...) sans trop savoir de quoi ils nous protègent, mais le comportement de l’utilisateur est pour beaucoup dans la corruption du système d’expoitation (Linux, Windows....).
Quelle qu’en soit l’origine et le contenu, c’est l’installation d’un programme qui fait des choses à son insu qu’il faut redouter (accès à internet, modification/suppression des fichiers locaux, espionnage des données personnelles...). Dans cette section nous allons voir en quoi les logiciels libres sont plus sûrs et peuvent aider à cette sécurité.
Nous venons de voir que la connaissance de ce que nous installons est primordiale pour ne pas corrompre le système. Tant que nous utilisons les logiciels de la même origine que le système de base (Windows, Linux...), des sécurités sont en place pour s’assurer de l’origine et de la conformité des programmes, mais dès qu’il faut utiliser les logiciels (ou pilotes) d’un autre éditeur le risque est réel car c’est à la personne qui les télécharge de s’assurer de leur conformité [5], mais une bonne pratique est déjà de ne télécharger que depuis le site de l’éditeur et de fuir tous ces sites de téléchargement génériques.
Si l’on prend le cas des distributions LINUX, il n’est pas nécessaire d’aller chercher les logiciels à droite et à gauche, tous ceux dont nous avons besoin sont testés et disponibles sur des serveurs sécurisés positionnés à l’installation du système [6].
De plus, la collecte d’informations mise en place par certains éditeurs à l’insu de l’utilisateur n’est pas possible sur les logiciels libres car elle serait visible dans les sources du programme (non fournis pour les logiciels propriétaires).
Aucun logiciel s’est sûr à 100%, ils ont tous des erreurs introduites lors du codage ou par des choix techniques fait à la conception. Bon nombre de mise à jour n’ajoutent pas de nouvelle fonctionnalité et ne font que corriger ces erreurs dont certaines sont potentiellement dangereuses. Il est donc fortement conseillé de faire régulièrement toutes les mises à jour.
Du coup, vous comprendrez qu’une version non officielle de Microsoft Windows ou une copie que l’on ne peut pas mettre à jour (sous peine de se faire bloquer par un logiciel de l’éditeur qui vérifie la validité de la licence), est dangereuse car pleine de trous de sécurités non corrigés.
Quitte à ne pas vouloir payer son système d’exploitation autant en installer un libre et gratuit (LINUX par exemple) que l’on maintient à jour quotidiennement et qui n’aura donc pas ces risques de sécurité.
La récupération des données de connexion à sa banque en ligne ou pour les paiements sur internet est heureusement relativement rare [7], et les enjeux de piratage de votre ordinateur sont tout autres.
En dehors des blagues d’étudiants en informatique, si vous en êtes victimes vous n’en percevrez certainement pas le ralentissement, mais votre ordinateur sera utilisé pour une attaque sur internet à grande échelle pour laquelle la justice pourrait vous demander des comptes. Les personnes à qui cela profite n’ont aucun scrupule à user de tous les stratagèmes pour vous faire installer leur logiciel au coeur de votre système. Pour cela tous les moyens sont bons, il faut absolument que vous soyez administrateur et qu’au besoin vous neutralisiez vous même les protections [8].
Les cas les plus fréquent ou nous sommes prêt-e à aller jusque là sont :
- un mail que l’on croit d’un proche et pour lequel la pièce jointe ne veut pas s’ouvrir (c’est certainement la photo/vidéo du petit dernier...),
- un jeu gratuit que l’on arrive pas à installer,
- un crack pour déverrouiller la version de démonstration ou copie du super logiciel propriétaire que l’on ne veut pas payer,
- ...
Contre ça, même le meilleur anti-virus ne peut rien et il aurait été plus simple d’installer un logiciel libre et gratuit qui même moins réputé nous rendrait les mêmes services. Mais voilà, ce n’est certainement pas possible car c’était pour ouvrir un fichier fait avec une version légale du logiciel (ou crackée) qui ne sort que des formats propriétaires (comme par hasard), et on en revient au problème de format.
Quels formats de fichiers ?
Autant les logiciels propriétaires s’appuient sur des formats fermés et non documentés, autant les logiciels libres s’appuient sur des formats ouvert et documentés qui peuvent êtres édités par de nombreux outils. L’OpenDocument est une norme (ISO 26900) qui définit le format de fichiers bureautique (texte, tableaux, dessins, présentation...). Elle est entièrement définie contrairement à l’OpenXml [9] de Microsoft qui compte plusieurs centaines de pages et qui a été certifiée alors que des passages entiers ne sont pas définis.
Le but de ces ’secrets’ est de rendre plus difficile la tache aux développeurs des autres logiciels (libres ou pas) qui cherchent à éditer leurs fichiers, obligeant ainsi un maximum d’utilisateurs à acheter la dernière version de leur suite bureautique.
En mettant à disposition des fichiers dans ces formats, les entreprises et services publics se rendent complices de cette obligation d’achat. Il est primordial que les administrations et services publics ne mettent à disposition que des documents dans des formats qui ne n’obligent pas les citoyens à acheter un logiciel pour les utiliser (visualisation ou modification).
Les directives de plusieurs états vont dans ce sens et Microsoft annonce maintenant la compatibilité de sa suite Office [10] avec l’OpenDocument, mais la compatibilité n’est que partielle [11] et prenons garde qu’elle ne nous refasse pas le même coup qu’avec le RTF, dont elle avait supprimé l’interopérabilité en lui rajoutant des informations qui ne faisaient pas partie de la norme.
Il vaut donc mieux ne pas faire de conversions multiples d’un format à l’autre et toujours travailler en format ouvert puisque plusieurs logiciels libres et gratuits existent pour les éditer.
La pérennité
Être sûr-e de pouvoir lire/éditer un document, une photo... plusieurs années après nous est cher. Le secteur de l’informatique est là pour nous apprendre que les plus gros fabricants d’ordinateurs ont disparu et les logiciels fermés et adaptés à leurs systèmes n’existent plus. Seuls les logiciels dont le code source avait été libéré ont continué à évoluer [12]
C’est l’intérêt économique (le nombre de licences potentielles) qui dicte le portage d’un logiciel propriétaire sur la nouvelle version de système (Windows, MacOs...). Si nous revenons à notre métaphore culinaire : même si le restaurant ne sert plus le plat que nous aimons, il est possible de le refaire à partir de la recette. De la même manière si nous possédons les sources, il est possible de faire marcher notre logiciel sur notre dernière version de système.
Rien de plus ennuyeux que de ne plus pouvoir visualiser ou éditer des documents (textes, photos...) que nous avons faits plusieurs années auparavant. Seuls les formats ouverts, clairement documentés, donnent la garantie de pouvoir être édités par plusieurs logiciels, ou la possibilité (pour une entreprise) de faire développer un éditeur plusieurs années après l’arrêt de celui d’origine.
Bien pratique surtout pour le travail collaboratif [13], les logiciels d’édition sur des serveurs sur internet ont l’avantage de ne pas avoir à être installés localement. Par contre ils peuvent priver l’utilisateur de la connaissance du format des fichiers utilisés et/ou de sa capacité à les récupérer pour les éditer localement ou les conserver si nécessaire.
Il faudra bien y veiller car il n’est pas agréable de passer plusieurs heures sur un document pour se rendre compte qu’on ne peut pas le récupérer ou seulement dans un format qui ne permet pas de l’utiliser ailleurs. Ces inconvénients peuvent aussi arriver par la suite puisqu’on ne maitrise pas l’evolution des programmes utilisés dans le nuage (le cloud), il faut rester vigilent-e.
Les garanties
Si l’on prend l’exemple de la distribution LINUX DEBIAN, l’assurance qu’elle restera libre a été définie par un contrat social qui contient les règles suivantes :
- Debian restera un projet entièrement libre.
- Tous les nouveaux développements reviendront à la communauté.
- La transparence est un bien acquis.
- Les utilisateurs et le logiciel libre sont les priorités du projet.
- Exceptions aux principes du logiciel libre prévus pour répondre à tous les besoins
Des sacrées garanties non ?
Plus d’infos à :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Contrat_social_Debian
https://www.debian.org/social_contract.fr.html
Pour prolonger cet article
Mais encore ?
Si vous n’avez pas tout suivi ou si vous voulez l’expliquer à vos enfants, on se la refait en vidéo ?
[1] que l’on est obligé d’accepter avant toute utilisation
[2] C’est d’ailleurs le cas de certains logiciels libres pour lesquels il existe une version entreprise et une de la communauté opensource ayant quelques différences
[3] nous verrons ensuite que cela n’est pas sans incidence sur la sécurité
[4] généralement des entreprises qui ont intérêt à avoir une alternative aux logiciels propriétaires concurrents ou des nouvelles fonctions rapidement
[5] des moyens techniques existent mais ne sont pas développés dans cet article
[6] l’utilisateur n’a donc pas a s’en occuper
[7] généralement on s’en souvient
[8] rappelez vous l’anti-virus, le parefeu...
[9] OpenXML qui n’a d’Open que le nom
[12] StarOffice était la suite bureautique de Sun Microsystems aujourd’hui disparue, la libération de son code a donné naissance à à la suite bureautique OpenOffice.org dont dérive aussi le LibreOffice
[13] on peut travailler à plusieurs en même temps
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